Le Conseil de la Banque du Canada était divisé sur le dernier maintien des taux
Vos actualités hypothécaires pour la semaine de 10 novembre 2023
Penelope Graham, Directrice des contenus
Note 1 : Le Conseil de la Banque du Canada était divisé sur le maintien des taux en octobre
Le 8 novembre, le Conseil de direction de la Banque du Canada - le groupe de six membres qui décide d'augmenter, de réduire ou de maintenir les taux d'intérêt dans les annonces de politique monétaire de la banque centrale - a publié son Résumé des délibérations, un aperçu des facteurs qui ont influencé le maintien du taux le plus récent de la Banque du Canada à 5 % le 6 octobre.
Le Résumé révèle que le Conseil a examiné un certain nombre de facteurs économiques, tels que la vigueur persistante aux États-Unis, le ralentissement du marché du travail canadien et la baisse de la consommation, avant de prendre sa décision concernant le taux directeur.
Toutefois, les notes révèlent que les décideurs politiques étaient largement partagés quant à leur décision de maintenir les taux, un certain nombre de membres estimant qu'une nouvelle hausse des taux pourrait être justifiée, étant donné que l'inflation reste obstinément rigide. Si l'inflation globale du Canada a progressé, ralentissant à 3,8 % en septembre contre 4 % en août, l'inflation sous-jacente - qui ne tient pas compte de l'alimentation et de l'énergie - est restée fermement ancrée dans une fourchette de 3,5 % à 4 % au cours de l'année écoulée.
Cela rend les décideurs politiques nerveux, car une inflation plus élevée pourrait devenir ancrée dans l'économie, ce qui nécessiterait des mesures de politique monétaire plus importantes et plus longues, telles que des hausses de taux.
« Pour certains, il était plus probable que le taux doive être relevé davantage pour permettre un retour de l’inflation à la cible. Pour d’autres, le scénario le plus probable était qu’un taux directeur à 5 % suffirait à ramener l’inflation à 2 %, à condition qu’il soit maintenu à ce niveau assez longtemps, indique le Résumé. Néanmoins, les membres se sont largement entendus sur le fait que comme les données montraient plus clairement que les taux d’intérêt plus élevés modéraient les dépenses, ralentissaient la croissance et atténuaient les pressions sur les prix, le Conseil se devait d’être patient et de maintenir le taux directeur à 5 %. Ils se sont mis d’accord pour réévaluer la nécessité de relever le taux au moment des décisions à venir, lorsqu’ils auraient davantage d’information. »
« Le résumé des délibérations de la Banque du Canada lors de la réunion du 25 octobre a mis en évidence le dilemme de la Banque du Canada : la croissance de l'économie est clairement en train de s'arrêter, mais l'inflation reste ferme, et l'on craint que les hausses de prix supérieures à la cible ne s'enracinent, écrit Robert Kavcic, économiste et directeur chez BMO, dans une mise à jour de la conjoncture. Dans ce contexte, l'une des questions brûlantes de la réunion précédente a de nouveau été abordée lors de celle-ci : La politique doit-elle se resserrer davantage ? Ou bien est-elle suffisamment restrictive, mais ne l'est-elle pas depuis assez longtemps? »
Parmi les autres risques clés mis en évidence par la Banque, citons la hausse du prix des logements, ainsi que l'augmentation des coûts des intérêts hypothécaires, qui ont grimpé de plus de 30 % par rapport à l'année dernière.
La Banque a également souligné que les dépenses fiscales anticipées du gouvernement fédéral constituaient un vent contraire dans la lutte contre l'inflation, car ces injections de liquidités stimulent l'économie.
« Par ailleurs, la Banque a adressé un message clair aux responsables de la politique budgétaire à l'approche de la saison de préparation des budgets, écrit Kavcic. En effet, 'en entraînant une progression de la demande plus rapide que celle de l’offre, les dépenses des gouvernements pourraient faire obstacle au retour de l’inflation à la cible.' Traduction : Si vous continuez à dépenser, nous continuerons à augmenter les taux, ou du moins nous devrons les maintenir à ces niveaux élevés. »
Note 2 : (Enfin) un peu de soulagement pour les taux hypothécaires fixes
Un motif de réjouissance longtemps attendu par les acheteurs de prêts hypothécaires : les taux des prêts hypothécaires fixes commencent enfin à baisser, les rendements obligataires s'étant considérablement refroidis cette semaine.
Après une trajectoire en dents de scie (essentiellement à la hausse) pour les rendements au cours des mois d'automne, les récents maintiens des taux de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine ont rassuré les investisseurs sur le fait que les cycles de hausse des taux des banques centrales sont largement derrière eux, ce qui a relancé la demande d'obligations.
Le rendement des obligations à cinq ans du gouvernement canadien est descendu aux alentours de 3,8 %, alors qu'il avait atteint 4,4 % en octobre, un record en 17 ans.
Les rendements étant utilisés par les prêteurs pour fixer le prix des taux hypothécaires fixes, cela a entraîné une série de réductions chez divers fournisseurs de prêts hypothécaires cette semaine, beaucoup d'entre eux réduisant leurs offres d'environ 30 points de base. Par exemple, le meilleur taux assuré pour un prêt hypothécaire fixe sur cinq ans est aujourd'hui de 5,39 %, contre 5,64 % il y a tout juste une semaine.
Bien que personne ne puisse dire avec certitude si cette tendance à la baisse va se poursuivre, elle donne aux acheteurs de taux d'aujourd'hui un léger soulagement et l'occasion d'obtenir un taux bloqué sur certains des taux les plus bas que nous ayons vus au cours des derniers mois. Bien entendu, si les banques centrales n'envisagent toujours pas de hausses de taux et si d'autres facteurs économiques évoluent comme prévu, il est possible que les taux fixes continuent à baisser dans les mois à venir.
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Note 3 : Les renouvellements d'hypothèques ajouteront 15 milliards de dollars en paiements au cours des deux prochaines années, selon la SCHL
La Société canadienne d'hypothèques et de logement a publié son dernier tome sur les tendances hypothécaires au Canada, dont les données révèlent à quel point la hausse des taux d'intérêt a laminé les emprunteurs et la demande de logements.
Selon le Rapport SCHL - prêts hypothécaires résidentiels, automne 2023 de la société sur l'industrie du crédit hypothécaire résidentiel, l'encours de la dette hypothécaire a grimpé en flèche au cours du premier semestre 2023, malgré un ralentissement de l'activité dans le secteur des nouveaux prêts hypothécaires. Cela s'explique par le fait que les détenteurs de prêts hypothécaires existants assument des coûts de service de la dette plus élevés. En août, la dette hypothécaire résidentielle au Canada s'élevait à 2,14 milliards de dollars, soit une augmentation de 3,4 % d'une année sur l'autre.
La SCHL a également souligné l'assaut imminent des renouvellements de prêts hypothécaires au cours des deux prochaines années, durant lesquelles 45 % de tous les prêts hypothécaires existants devront être renégociés dans un contexte de taux d'intérêt beaucoup plus élevés - ce qui représente une augmentation de 15 milliards de dollars des paiements chaque année. Cela fait suite à la douleur considérable des taux de renouvellement déjà absorbée par le marché au cours des six premiers mois de l'année, déclare Tania Bourassa-Ochoa, Spécialiste principale, recherche sur le logement à la SCHL.
« Au cours des deux premiers trimestres de 2023, plus de 290 000 emprunteurs ont renouvelé leur prêt hypothécaire auprès d’une banque à chartre à un taux d’intérêt nettement supérieur, dit-elle. L’augmentation des frais de service de la dette qui en découle exerce des pressions financières sur ces emprunteurs. »
Parmi les autres tendances prédominantes, citons la préférence toujours marquée des emprunteurs pour les prêts hypothécaires à taux fixe, qui, bien qu'élevés par rapport à l'année dernière, restent inférieurs à leurs homologues à taux variable. Selon le rapport, les prêteurs sous réglementation fédérale ont distribué 244,5 milliards de dollars pour les seuls prêts hypothécaires à taux fixe au cours des huit premiers mois de l'année, soit considérablement plus que les 20,1 milliards de dollars prêtés pour les prêts hypothécaires à taux variable. La SCHL a également noté que les emprunteurs préféraient des durées de trois à cinq ans, ce qui s'éloigne de la demande de durées plus courtes observée plus tôt dans le cycle de hausse des taux.
Bien que les Canadiens continuent d'être assez prudents dans le remboursement de leur prêt hypothécaire - la part des prêts en souffrance depuis 90 jours ou plus reste à un niveau historiquement bas de 0,15 % - la SCHL signale d'autres facteurs de risque qui menacent leur stabilité financière, notamment un ratio dette/revenu national élevé, qui a atteint 171,9 % au 1er trimestre. L'impact du doublement des taux d'intérêt depuis le début de l'année 2022 ne peut être surestimé et se fait davantage sentir sur d'autres produits de crédit, tels que les prêts automobiles, les cartes de crédit et les marges de crédit.