Les rendements obligataires et les taux hypothécaires fixes s'envolent en raison des craintes concernant le plafond d'endettement américain
Vos actualités hypothécaires pour la semaine du 26 mai 2023.
Note 1 : Les investisseurs obligataires réagissent à la lenteur des États-Unis à résoudre le problème du plafond d'endettement
Les rendements obligataires ont connu de véritables montagnes russes depuis le début de l'année, et les derniers développements au sud de la frontière ont provoqué une nouvelle hausse.
L'incertitude quant à la résolution du plafond d'endettement du gouvernement américain, qui s'élève à 31,4 milliards de dollars, a ébranlé les marchés, faisant chuter le Dow Jones pendant cinq séances consécutives et entraînant le S&P 500 vers sa plus faible performance hebdomadaire depuis deux mois. Les investisseurs en obligations n'ont pas fait exception, retirant leurs avoirs alors que les craintes de récession augmentent ; les bons du Trésor américain sur cinq ans ont grimpé de 42 points de base le mois dernier, pour atteindre un rendement de 3,9 %. Et comme le prix des obligations canadiennes tend à refléter celui de nos voisins américains, notre obligation d'État sur cinq ans a augmenté de 54,7 points de base au cours de la même période, pour atteindre un rendement de 3,5 %.
Il s'agit d'un revirement considérable par rapport au sentiment qui prévalait encore en mars, lorsque les craintes liées à la crise bancaire américaine ont fait baisser les rendements, ce qui a conduit plusieurs prêteurs à réduire leurs offres à taux fixe. C'est l'inverse qui s'est produit cette semaine, avec une hausse des taux fixes sur un, trois et cinq ans ; actuellement, le taux fixe sur cinq ans le plus bas au Canada est de 4,49 %, soit un bond de 20 points de base par rapport au taux de 4,29 % offert pas plus tard que le 8 mai.
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Cependant, les choses pourraient changer dans les jours à venir - l'optimisme règne quant au fait que le président américain Joe Biden et le républicain du Congrès Kevin McCarthy sont sur le point de trouver une solution pour la limite d'endettement nationale, ainsi qu'un plan de dépenses ; un progrès qui sera certainement pris en compte par les investisseurs.
En attendant, la meilleure chose que les acheteurs de prêts hypothécaires puissent faire est de bloquer un taux et de surmonter cette dernière volatilité de la semaine.
Note 2 : La hausse des taux hypothécaires et des prix de l'immobilier fait grimper l'endettement des Canadiens à des niveaux dangereux
La montée en flèche des taux d'intérêt a entraîné celle du niveau d'endettement des ménages canadiens, ce qui représente un risque important pour l'économie du pays, selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement.
Un rapport publié cette semaine par l'économiste en chef adjoint de la société d'État, Aled ab Iorwerth, révèle que le Canada a le niveau d'endettement le plus élevé parmi les pays du G7 - et que les trois quarts de cet endettement sont constitués d'hypothèques. En fait, écrit ab Iowerth, les niveaux d'endettement ont dépassé la taille de l'économie canadienne en 2021, et n'ont cessé de croître depuis. En revanche, lors de la récession de 2008, les niveaux d'endettement représentaient 80 % de l'économie, et 95 % en 2010.
Aux États-Unis, c'est le contraire qui se produit : les niveaux d'endettement sont passés de 100 % du PIB en 2008 à 75 % en 2021. Le principal responsable, selon le rapport, est le caractère très inabordable du marché immobilier canadien.
« À mesure que les prix des habitations augmentent au Canada, la dette contractée par les ménages augmente aussi et fait croître le montant total de la dette dans l’économie, écrit ab Iowerth. À plus long terme, il sera essentiel de rétablir l’abordabilité du logement au Canada pour réduire la dette des ménages qui veulent devenir propriétaires-occupants. »
Bien entendu, la hausse des taux hypothécaires résultant de la lutte contre l'inflation menée par la Banque du Canada n'a rien arrangé. Les dernières données sur l'inflation ont révélé que les Canadiens paient cette année 28,5 % de plus en frais hypothécaires qu'en avril 2022. Le rapport souligne également que le contexte actuel de hausse des taux posera également des difficultés aux emprunteurs dont le prêt hypothécaire doit être renouvelé au cours des prochaines années.
« Avec le temps, cette hausse des taux fait augmenter les paiements hypothécaires mensuels des ménages, par exemple lorsque des prêts fixes sur cinq ans sont renouvelés à des taux plus élevés, signale le rapport. La situation est plus difficile pour les personnes ayant des prêts hypothécaires à taux variable, car elles voient leurs taux d’intérêt augmenter immédiatement. »
Le point de vue de la SCHL fait écho à un rapport alarmant de la Revue du système financier publié cette semaine par la Banque du Canada, qui prévient que les emprunteurs à taux fixe verront probablement leurs paiements augmenter de 25 % au moment du renouvellement, tandis que les emprunteurs à taux variable bénéficiant d'un calendrier de paiements fixes peuvent s'attendre à une augmentation considérable de 40 %.
Selon la SCHL, les ménages endettés sont particulièrement vulnérables aux chocs économiques, malgré les mesures de protection mises en place ces dernières années par l'organisme de réglementation bancaire.
« Le système financier canadien a fait l’objet d’une simulation de crise en cas de pertes importantes. Ainsi, en cas de ralentissement économique, la situation ne sera pas amplifiée par une crise financière au Canada. Malgré cela, des pertes d’emplois généralisées dans une économie où les niveaux d’endettement sont élevés aggraveront toute récession », indique le rapport, qui souligne que les taux hypothécaires de l'ère de la pandémie, qui ont atteint un niveau record, appartiennent probablement au passé.
« Notre inquiétude au sujet de la dette est exacerbée par les préoccupations concernant le niveau des taux d’intérêt à long terme. La dernière décennie a été caractérisée par des taux d’intérêt historiquement bas – et une croissance économique lente que certains économistes ont qualifiée de "stagnation séculaire". Malgré cela, rien ne garantit que nous retournerons à un tel schéma une fois que l’inflation actuellement élevée sera maîtrisée et que les taux d’intérêt commenceront à baisser. »
Note 3 : Les grandes banques canadiennes se protègent contre les « créances douteuses »
Les consommateurs ne sont pas les seuls à souffrir de l'augmentation des niveaux d'endettement : les plus grandes banques canadiennes le ressentent également.
Après une semaine de résultats décevants, il est apparu que les cinq grandes banques se montrent très prudentes lorsqu'il s'agit d'accorder des crédits, en augmentant ce que l'on appelle leurs provisions pour pertes sur prêts.
Cela signifie que les prêteurs sont de plus en plus préoccupés par la capacité des emprunteurs canadiens à rembourser leurs dettes, la probabilité de défaut de paiement étant en hausse. Selon les rapports sur les résultats du deuxième trimestre des banques, BMO, TD, Scotiabank, RBC et CIBC ont chacune mis de côté des centaines de millions - ou dans le cas de BMO, 1,2 milliard - de plus que l'année dernière, juste au cas où les emprunteurs ne pourraient pas rembourser leurs prêts en raison de la flambée de l'inflation et des coûts d'emprunt qui en découlent. Selon les analystes, la possibilité d'une récession pèse également lourdement sur l'esprit des prêteurs.
Dans une entrevue accordée à BNN Bloomberg, Andrew Pyle, conseiller principal en investissement et gestionnaire de portefeuille chez CIBC Wood Gundy, a déclaré : « Cette semaine, cinq banques canadiennes ont mis de côté environ 3 milliards de dollars, ce qui représente un changement important par rapport à l'année dernière. »
« Lorsqu'il apparaît que les emprunteurs pourraient ne pas être en mesure de rembourser leurs prêts, les banques prennent un risque prévisible en mettant de côté un certain montant de leurs bénéfices au cas où elles auraient besoin de ce capital pour faire face à une baisse de l'activité de prêt. »
Le point positif est que le fait que les prêteurs canadiens aient la capacité de mettre de côté des fonds supplémentaires témoigne de leur stabilité et de la bonne santé générale de leur capital.
« En cas de problème, ils disposent du capital nécessaire pour y faire face », a déclaré Paul Harris, associé et gestionnaire de portefeuille chez Harris Douglas Asset Management, au média.
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