La Banque du Canada réduit son taux directeur de 0,25 % lors de son annonce de mars 2025
Les coûts viennent de s'alléger pour les emprunteurs, la Banque du Canada (BdC) ayant de nouveau réduit son taux d'intérêt directeur aujourd'hui, dans le cadre de sa réponse continue aux menaces de tarifs douaniers.
La banque centrale a abaissé son taux du financement à un jour (que les prêteurs utilisent pour fixer leurs taux préférentiels et leurs produits d'emprunt variables, tels que les taux hypothécaires variables) d'un quart de point de pourcentage supplémentaire, le ramenant à 2,75 %. Le taux est maintenant en baisse de 225 points de base par rapport à son sommet de 5 % ; la Banque du Canada a commencé à abaisser son taux en juin de l'année dernière lorsque l'inflation canadienne s'est stabilisée. À la suite de la baisse de taux d'aujourd'hui, le taux préférentiel de la plupart des banques canadiennes passera à 4,95 %, et les taux hypothécaires variables diminueront également.
La réduction d'aujourd'hui (la septième consécutive de la Banque du Canada) était largement attendue par les marchés, avec des probabilités dépassant 85 %, principalement en raison de la nécessité pour la Banque de répondre à l'incertitude persistante concernant la politique commerciale des États-Unis et les relations du Canada avec son plus grand partenaire commercial. Les marchés boursiers ont connu de fortes fluctuations ces dernières semaines, le président américain Donald Trump ayant fait volte-face sur sa promesse de mettre en place des droits de douane généralisés de 25 % sur les importations canadiennes, avec un droit de douane de 10 % sur l'énergie ; après les avoir brièvement mis en vigueur le 4 mars, ils ont ensuite été reportés au 2 avril pour les produits conformes à l'USMCA (à partir d'aujourd'hui, un droit de douane distinct sur l'acier et l'aluminium est entré en vigueur).
« L’économie canadienne a commencé l’année 2025 en bonne posture, affichant un taux d’inflation près de la cible de 2 % et une croissance robuste du PIB, » indique le communiqué de la banque centrale. « Toutefois, les tensions commerciales accrues et les droits de douane imposés par les États-Unis vont probablement ralentir la progression de l’activité économique et faire augmenter les pressions inflationnistes au Canada. Les perspectives économiques continuent d’être entourées d’une incertitude plus élevée que d’habitude en raison de l’évolution rapide des politiques publiques. »
« Malgré le fait que la croissance économique a été plus forte qu’anticipé, l’incertitude généralisée provoquée par les menaces tarifaires américaines qui changent de jour en jour modère les intentions d’achat des consommateurs et les projets d’embauche et d’investissement des entreprises. Dans ce contexte, et comme l’inflation se situe près de la cible de 2 %, le Conseil de direction a décidé d’abaisser de nouveau le taux directeur de 25 points de base. »
VIDÉO : Annonce de la Banque du Canada du 12 mars 2025
Un revirement par rapport aux attentes de maintien des taux
Toutefois, comme l'ont indiqué les économistes de RBC dans une note prospective publiée le 10 mars, la réduction d'aujourd'hui pourrait également être considérée comme une « décision serrée » ; avant le 4 mars, les marchés penchaient pour un maintien de la banque centrale, car l'inflation de base canadienne est restée stable et le PIB s'est mieux comporté que prévu au dernier trimestre de 2024, avec une hausse annuelle de 2,6 %. Cependant, lorsque les marchés ont eu un premier aperçu officiel des tarifs douaniers, il est devenu évident que la BdC devrait ajouter plus de rembourrage à l'économie pour contrer les retombées. En outre, un rapport sur l'emploi plus faible que prévu, publié vendredi dernier, a renforcé les chances de la réduction d'aujourd'hui.
De nouvelles baisses de taux sont attendues cette année
La menace des droits de douane étant toujours présente, la Banque du Canada se trouve maintenant dans une position où elle doit peser les dommages économiques potentiels - qui nécessiteraient de nouvelles réductions de taux - et les avantages de l'inflation, qui sera plus élevée à mesure que les droits de douane augmenteront les prix.
C'est une situation délicate ; la Banque du Canada a vigoureusement augmenté les taux d'intérêt entre 2022 et 2023 pour ramener l'inflation dans sa fourchette cible de 2 %, après qu'elle ait grimpé en flèche lors de la relance du commerce après le confinement du au Covid. Ces efforts ont été couronnés de succès, l'indice des prix à la consommation se situant désormais sous la barre des 2 %, mais la mesure reste fragile ; elle est remontée à 1,9 % en janvier et aurait été plus élevée sans les deux mois de vacances de la TPS mis en place par le gouvernement fédéral entre le 14 décembre et le 15 février.
Toutefois, la nécessité de contrer les effets d'une récession induite par les droits de douane contraindra la Banque du Canada à réduire ses taux plus qu'elle ne l'aurait fait autrement ; les grandes banques canadiennes appellent largement à la poursuite de la réduction de ses taux jusqu'à une fourchette de 2 à 2,25 % d'ici le second semestre de cette année. Selon l'analyse de la Banque du Canada, une guerre commerciale totale avec les États-Unis réduirait les investissements au Canada de 12 % et les exportations de 8,5 % dès la première année, ce qui amputerait notre PIB de 3 % d'ici à 2027. Les échanges avec les États-Unis représentent 75 % des exportations du Canada et un tiers de ses importations.
« La croissance au premier trimestre de 2025 va probablement ralentir, l’intensification du conflit commercial pesant sur la confiance et l’activité, » indique la BdC. « Les résultats de récentes enquêtes semblent indiquer que la confiance des consommateurs est en forte baisse et que les entreprises réduisent leurs dépenses en reportant ou en annulant des projets d’investissement. L’effet négatif de l’affaiblissement de la demande intérieure a été en partie contrebalancé par une forte hausse des exportations dans l’anticipation de l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane. »
Et, comme l'a déclaré Tiff Macklem, gouverneur de la Banque centrale, dans un récent discours (en anglais), les baisses de taux de la banque centrale ne suffiront pas à contrer une guerre commerciale ; elles devront être accompagnées de mesures de relance budgétaire et d'aides ciblées de la part des gouvernements fédéral et provinciaux. Jusqu'à présent, le gouvernement fédéral s'est engagé à verser une aide financière de 6,5 milliards de dollars pour aider les entreprises à se développer sur de nouveaux marchés internationaux et leur offrir des prêts avantageux, afin d'éviter les licenciements.
Que signifie la baisse des taux d'aujourd'hui pour les emprunteurs hypothécaires ?
Taux hypothécaires variables
À la suite de la baisse des taux d'aujourd'hui, les coûts d'emprunt diminueront immédiatement pour ceux qui ont des taux hypothécaires variables, dont le prix est basé sur une décote par rapport au taux préférentiel du prêteur. Selon qu'ils ont un taux ajustable ou un terme avec un calendrier de paiement fixe, les emprunteurs verront soit leur paiement mensuel, soit le montant de leur paiement consacré aux intérêts, diminuer.
Selon les calculs de Ratehub.ca, le détenteur moyen d'un prêt hypothécaire à taux variable verra son taux hypothécaire passer à 3,95 % à la suite de la baisse de taux d'aujourd'hui, et paiera 84 $ de moins par mois et 1 008 $ de moins par an sur son prêt hypothécaire. Cela suppose qu'ils ont versé une mise de fonds de 10 % sur une maison de 670 064 $*, et qu'ils avaient à l'origine un taux variable de 5 ans de 4,20 %, amorti sur 25 ans. Sur cette base, ils auraient eu à l'origine un paiement mensuel de 3 338 $, qui a maintenant été réduit à 3 254 $.
*Prix moyen des habitations au Canada en janvier 2025 (ACI)
Taux hypothécaires fixes
Bien qu'ils ne soient pas directement affectés par le taux de la Banque du Canada, les taux hypothécaires fixes ont suivi le mouvement induit par les droits de douane, car les rendements obligataires - qui fixent le plancher de leur tarification - ont plongé à plusieurs reprises depuis le début du mois de février. Plus récemment, les rendements des obligations à cinq ans du gouvernement canadien ont chuté à 2,5 % le 3 mars, les marchés craignant l'entrée en vigueur des droits de douane. Depuis, les rendements sont remontés aux alentours de 2,6 %, mais cela a permis aux prêteurs d'accorder des rabais sur leurs produits hypothécaires à taux fixe. Actuellement, le taux fixe à cinq ans le plus bas au Canada est de 3,89 %, un niveau inégalé depuis 2022.
Dans l'ensemble, il semble probable que les rendements resteront bas, tant que l'incertitude tarifaire régnera sur le marché. Les rendements canadiens sont également influencés par le prix de la dette américaine, qui a également baissé ces dernières semaines. Le rendement du Trésor américain à 10 ans, qui sert de référence mondiale pour le coût de la dette, a chuté lundi en raison des craintes croissantes de récession aux États-Unis.
Pour ceux qui cherchent actuellement un prêt hypothécaire, cela se traduit par les taux les plus compétitifs depuis un certain temps, mais la volatilité du marché reste une préoccupation majeure. Il est judicieux de déposer rapidement une demande auprès d'un prêteur et de s'assurer que le taux est maintenu pour garantir l'accès aux prix actuels, même si les taux évoluent au cours des dernières semaines.
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Quel sera l'impact de la baisse des taux d'intérêt d'aujourd'hui sur le marché du logement ?
L'incertitude liée aux tarifs douaniers a jeté un froid sur un marché qui, autrement, aurait été robuste au début du printemps ; les acheteurs hésitent à acheter des propriétés alors qu'une récession potentielle se profile, tandis que les vendeurs empilent les stocks sur un marché déjà saturé. Alors que les statistiques nationales les plus récentes ne seront pas publiées avant la semaine prochaine, des fissures commencent à apparaître sur certains des plus grands marchés du Canada. Par exemple, les ventes de logements ont chuté de 27,4 % à Toronto en février, mettant fin à la tendance à l'augmentation des prix d'une année sur l'autre.
La baisse des taux d'intérêt annoncée aujourd'hui améliorera légèrement l'accessibilité et incitera peut-être les acheteurs potentiels à se retirer du marché, mais il est plus probable que le marché de l'immobilier restera frileux jusqu'à ce que les craintes liées aux tarifs se dissipent définitivement.
Quel sera l'impact sur les prêts et les investissements ?
Cette dernière baisse de taux abaissera également les taux d'intérêt pour les produits tels que les prêts personnels, les prêts automobiles et les lignes de crédit, qui sont des produits à taux variable et basés sur le taux de la Banque du Canada. Les emprunteurs pourraient ainsi avoir la possibilité, en fonction des conditions de leurs prêts, de réduire le montant de leurs remboursements ou de rembourser leurs prêts plus rapidement, une plus grande partie de chaque paiement étant affectée au remboursement du capital plutôt qu'aux intérêts.
En revanche, ce n'est pas une très bonne nouvelle pour les détenteurs de produits bancaires à taux préférentiel, tels que les comptes d'épargne à intérêts élevés et les certificats de placement garanti (CPG), qui verront leur rendement diminuer. Toutefois, ceux qui ont déjà bloqué un CPG bénéficieront toujours d'un taux favorable jusqu'à la fin de leur contrat, et des taux favorables sont encore disponibles. Étant donné que les CPG sont considérés comme des placements passifs « refuges », ils peuvent apporter un peu de réconfort aux investisseurs en quête de stabilité dans le contexte actuel d'incertitude.
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Penelope Graham, Directrice des contenus
Penelope Graham a plus de dix ans d'expérience dans le domaine de l'immobilier, des hypothèques et de la finance. Ses commentaires sur le marché du logement sont publiés dans les médias nationaux et locaux.