Le niveau des créances hypothécaires canadiennes est plus haut que jamais! Devrait-on s’inquiéter?
Dans un environnement où les taux d’intérêts sont bas, les consommateurs sont encouragés à dépenser pour stimuler l’économie. Par exemple, le taux directeur, qui affecte le taux d’intérêt applicable sur les hypothèques variables et les limites de crédit, est actuellement à 1.00% comparé à la moyenne sur dix ans qui se situe à 2.38% [i].
Les consommateurs ont répondu à cet environnement de taux d’intérêt faibles en s’endettant avec des emprunts immobiliers, des dettes de carte de crédit, et des emprunts à court terme. La question qu’on doit se demander est la suivante : avec ces taux de crédit immobilier si bas pour le moment au Canada, est-on capable de toujours respecter ses obligations financière avec une hausse des taux d’intérêts au cours des prochaines années?
À cause de cette situation, le gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney a publié un avertissement. Il déclare que bien que notre économie aille relativement bien, la dette des consommateurs a augmenté pendant la décennie passée.
« Les ménages ont considérablement augmenté leurs emprunts. Les Canadiens ont collectivement enregistré un déficit financier net pendant plus d’une décennie, en fait, exigeant des fonds de l’économie canadienne au lieu d’en ajouter» [ii].
Autrement dit, les Canadiens consacrent trop d’argent de leur budget aux dépenses de maison. Alors il n’y a pas assez d’argent revenant pour aviver l’économie et cela pourrait avoir un effet négatif au long terme.
Selon la SCHL, les Canadiens ont récemment commencé à réduire leurs habitudes d’emprunt. Ce commentaire ne détermine pas si les consommateurs ralentissent leurs habitudes à augmenter leurs dettes, ou s’ils ont atteint leur capacité d’emprunter. Le rapport de la SCHL dit que ce ralentissement de dette peut être attribué en partie à la diminution des prix du marché immobilier. Les consommateurs ont besoin de réduire leurs emprunts, et le plus tôt sera le mieux car le ratio moyen de dette-au-revenu pour les ménages canadiens est 13% plus haut qu’avant la récente crise financière.
Actuellement, le ménage canadien moyen doit 1,53$ pour chaque 1,00$ de revenu. Cette réalité est plus haute que jamais. La créance hypothécaire représente la plus grande partie de ce chiffre [iii]. Cependant, ce qui doit être établi est le pourcentage du revenu utilisé pour payer des dettes. Selon l’économiste en chef adjoint de la CIBC, Benjamin Tal, même si vous supposez que 30% de votre revenu va envers des obligations de dettes (ce qui est un ratio convenable), il n’y a aucune garantie qu’il restera à 30% demain. Ce que les consommateurs doivent comprendre est qu’ils seront à risque au cas d’une augmentation de taux. Essentiellement, nous parlons de combien est ce qu’une hausse des taux d’intérêt affectera leur capacité de régler leurs dettes? [iv]
La dette de consommateur peut être divisée en plusieurs éléments : les hypothèques, les limites de crédit, les prêts, et la dette des cartes de crédit.
La bonne nouvelle est que selon des données de TransUnion du Globe and Mail, le taux de dette sur les prêts, les cartes de crédit, et les limites de crédit ralentissent. La dette sur cartes de crédit est en fait tombée à 2,65% depuis 2010.
La mauvaise nouvelle est que la créance hypothécaire n’a pas ralenti. Comme RateHub l’a déjà mentionné, une grande partie des créanciers hypothécaires n’ont pas encore remboursé leur prêt maison à l’age de 70 ans. Selon le rapport annuel de l’ACCHA, trois pourcent des créanciers hypothécaires (160 000 personnes) ont notés qu’ils ne pourraient gérer une augmentation de leur taux hypothécaire actuel. Cette statistique est importante, mais les 650 000 Canadiens (ou 12% de tous les créanciers hypothécaires) qui seraient mis à l’épreuve par une augmentation de taux de moins de 1% est encore plus inquiétant. Si les taux de crédit immobilier augmentaient, plus d’un demi-million des Canadiens aurait des problèmes à régler leurs dettes— cela serait assez pour avoir des répercussions sur l’économie.
Est-ce qu’il y a de l’espoir? On s’attend que cet environnement de bas taux d’intérêt reste pendant les prochaines années. De cette manière, il est peu probable que les prêteurs aient à augmenter leurs paiements hypothécaires pendant ce temps-là, dit Tal. Cela donnera aux gens assez de temps pour gérer leurs dettes.
Benjamin Tal fait aussi remarquer la différence entre le Canada et les États-Unis. Il dit, « La quantité n’est le seul enjeu, on doit aussi discuter la qualité ». Il continue, « Les gens doivent se rendre compte que le marché immobilier aux États-Unis ne s’est pas effondré à cause du ratio de dette-à-revenu de 150%, mais parce que c’était un ratio dangereux de 150%. » Et il semble que la dette canadienne, en particulier la créance hypothécaire, est gérable en fin de compte. Grâce à cette même étude de l’ACCHA, presque 8 sur 10 (78%) des créanciers hypothécaires ont au moins 25% en capitaux propres qui leur appartiennent sur leur maison, ce qui est un gros plus.
Les côtes de crédit sont un autre indice positive. « La haute moyenne des côtes de crédit démontre une forte capacité parmi les acheteurs ayant des hypothèques couverts par la SCHL de gérer leurs dettes », dit SCHL.
En somme, les Canadiens ont acquis plus de dette que jamais, partiellement à cause de l’environnement des taux hypothécaires si bas qui les encourage à emprunter parfois plus qu’ils peuvent se le permettre. Mark Carney, le gouverneur de la Banque du Canada a exprimé ses inquiétudes à propos de la capacité des Canadiens à gérer la hausse de leurs dettes si les taux d’intérêts augmentaient.
Heureusement, la plupart des économistes s’attendant à ce que le Canada profite de cet environnement de taux d’intérêt bas pendant la prochaine année ou deux. Il y a du temps à moyen terme. La situation n’est pas aussi affreuse qu’elle le semble, car le Canadien moyen à une bonne côte de crédit, maintient des capitaux propres sur leur propriété, et a commencé à réduire leurs dettes.
[i] La Banque du Canada [ii] Globe and Mail [iii] CTV [iv] The Vancouver Sun