L'inflation ralentit à 3,4 % en mai, ce qui alimente les espoirs de maintien du taux directeur
Les derniers chiffres de l'inflation pour le mois de mai sont connus et ils marquent une petite victoire pour la Banque du Canada dans sa lutte contre l'IPC et le ralentissement de l'économie.
Le taux d'inflation global a ralenti à 3,4 % d'une année sur l'autre, selon Statistique Canada - un renversement bienvenu par rapport au taux de 4,4 % d'avril, plus élevé que prévu, et son niveau le plus bas depuis 2021. Il s'agit en effet d'une bonne nouvelle pour la banque centrale - et pour les emprunteurs - car cela indique que les récentes mesures de hausse du taux directeur ralentissent effectivement les dépenses de consommation et ouvrent la voie à un retour de la Banque à une position de maintien du taux directeur, plutôt qu'à une nouvelle augmentation du coût de l'emprunt.
La Banque a récemment relevé de 0,25 %, le 7 juin, son taux directeur, qui détermine le taux préférentiel et les coûts des prêts hypothécaires à taux variable chez les prêteurs à la consommation. Cela a porté le coût de référence global de l'emprunt à 4,75 %, soit une hausse de 4,5 % par rapport à son niveau le plus bas de la pandémie (0,25 %). Les hausses ont été effectuées dans le but de réduire la croissance de l'inflation, qui a atteint son plus haut niveau en 40 ans, soit 8,1 %, en juin dernier, à la suite de la fin des confinements liés à la pandémie et des goulets d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement qui en ont découlé. La Banque doit ramener l'IPC à un objectif de 2 % avant de pouvoir relâcher complètement la pédale de hausse des taux.
Selon Statistique Canada, ce plus récent ralentissement est attribuable à la baisse des prix de l'essence, qui ont chuté de 18,3 % par rapport à mai dernier. Sur une base mensuelle, la mesure a augmenté de 0,4 %, ce qui est inférieur à la hausse de 0,7 % enregistrée entre mars et avril.
Toutefois, les prix des produits alimentaires restent obstinément élevés (+ 9 %), ce qui pèse sur le budget alimentaire et le pouvoir d'achat des consommateurs. « Cette augmentation représente toujours plus du double du taux d'inflation globale, et elle est presque inchangée par rapport à la hausse de 9,1 % enregistrée en avril » , écrit Statistique Canada, qui ajoute que les plus fortes augmentations d'une année à l'autre parmi les articles d'épicerie comprennent les graisses et les huiles comestibles (+20,3 %), les produits de boulangerie (+15,0 %) et les produits céréaliers (+13,6 %).
La hausse des intérêts hypothécaires alimente l'inflation
Paradoxalement, la hausse des coûts hypothécaires est un autre facteur important de l'inflation. L'indice des coûts d'intérêt suivi par Statistique Canada a augmenté de 29,9 % d'une année à l'autre, après une hausse de 28,5 % en avril. « l'indice a affiché la plus forte hausse jamais observée, au moment où les Canadiens ont continué de renouveler ou de contracter des prêts hypothécaires à des taux plus élevés », indique le rapport.
Cela reflète la montée en flèche des coûts hypothécaires à la suite du cycle de hausse de la Banque du Canada, ainsi que la volatilité du marché obligataire ; le meilleur taux hypothécaire variable sur cinq ans s'établit aujourd'hui à 5,8 %, contre 2,5 % l'année dernière. Les taux hypothécaires fixes sur cinq ans ne dépassent pas 4,94 %, ce qui reflète les fortes fluctuations du marché obligataire. Les rendements ont été constamment élevés au cours des dernières semaines, à la suite de la forte inflation d'avril et de la hausse conséquente de 0,25 % de la Banque du Canada le 7 juin, les rendements des obligations d'État à cinq ans ayant augmenté de plus de 60 points de base au cours des trois derniers mois. Les rendements ont légèrement baissé suite aux nouvelles prometteuses de l'IPC, diminuant d'environ cinq points de base pour atteindre la fourchette de 3,6 %.
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Bien sûr, le chiffre de mai pose la question aux analystes et aux emprunteurs : sera-t-il suffisant pour empêcher une autre augmentation du taux directeur lors de la prochaine annonce de la Banque du Canada le 12 juillet ?
Ce qui est certainement prometteur, c'est qu'en plus de la baisse du chiffre principal, deux autres indicateurs suivis par la Banque - le taux trimestriel et le taux médian de l'indice de référence - ont également diminué de 3,85 %. Ces chiffres sont en fait inférieurs aux prévisions des économistes et indiquent que la Banque pourrait être en mesure de maintenir le taux directeur à l'avenir. Initialement, la Banque s'attendait à pouvoir ramener l'inflation à 3 % d'ici l'été.
Cependant, bien que prometteur, tous les économistes ne sont pas convaincus que la baisse des chiffres de mai suffira à dissuader le Conseil de direction de la Banque de procéder à une dernière hausse en juillet.
« Bien qu'elles ralentissent, les tendances sous-jacentes de l'inflation au Canada restent bien supérieures à l'objectif de 2 % de la Banque du Canada », écrit Claire Fan, économiste à RBC, dans une note d'analyse.
« Les taux d'intérêt plus élevés réduisent le pouvoir d'achat des ménages, mais les dépenses sont restées fermes jusqu'à présent. Les conditions du marché du travail sont également plus résilientes que prévu en 2023 jusqu'à présent. Les données du PIB et l'enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises pour le deuxième trimestre, plus tard cette semaine, seront suivies de près pour déceler des signes de perte de vitesse de l'économie. Toutefois, en l'absence d'une surprise importante à la baisse lors de la publication de ces données, nous continuons de penser que la banque augmentera le taux d'intérêt au jour le jour de 25 points de base supplémentaires en juillet, avant de se retirer de la ligne de touche pour le reste de l'année. »
Il reste encore deux données importantes à publier au cours des prochaines semaines - le produit intérieur brut et les chiffres de l'emploi - qui pourraient influencer la décision de la banque centrale, respectivement le 30 juin et le 7 juillet.