On paie tous pour le retrait de fonds des études supérieures
Je suis allée à McGill à la fin des années 80 et au début des années 90, quand les frais de scolarité étaient moins de 1200$ par année, donc avec du travail pendant l’été et de l’aide de mes parents, j’ai obtenu mon premier diplôme sans dettes. Pour ma maîtrise que j’ai complété en Ontario, j’ai travaillé à temps partiel et reçu mon diplôme après un an avec une dette de 10 000$.
Par comparaison : mon conjoint est allé à l’université en Ontario après que les bourses ont été éliminées, et lorsque la première série de hausse de frais a été mise en œuvre. Il a fini un BA puis un MA, et a reçu ses diplômes avec un fardeau de la dette (avec l’intérêt composé) exigeant des versements mensuels de 650$ pour 10 ans.
Nous savons que nous avons profité et que nous profitons de notre éducation. Nous deux avons trouvé des emplois qui nous permettent de mettre nos études en pratique, et chacun de nous a remboursé ses emprunts. Mais cette dette là (celle de mon conjoint, en particulier), avait un impact sur chacune de nos grandes décisions, jusqu’à ce qu’elle était complètement remboursée. De plus, nous vivons toujours avec ces décisions là : quand nous avons acheté une maison, quand nous avons décidé d’avoir des enfants, combien d’enfants pour lesquels on pourrait avoir les moyens de payer, le fait qu’on n’a pas de voiture, et combien de fois nous voyons nos familles qui n’habitent pas en ville. (Un autre élément important est le prix élevé des garderies hors du Québec).
Des personnes nous demandent souvent « Avez-vous déjà établi un REEE? » Est-ce que tu blagues?— avec nos deux enfant toujours en garderie? Et parce que nous avons des problèmes fondamentaux avec le système des REEE, l’argent publique qu’il représente et comment, comme le système de REER, il est orienté vers les familles les plus riches qui ont les moyens de mettre de l’argent de côté, nous explorerons des façons d’autres— lorsque les frais de garderie baissent— d’épargner pour l’éducation de nos enfants afin qu’ils puissent commencer l’âge adulte avec la moins de dette que possible.
Bien sûr, si notre maison a besoin des réparations majeures ça nous mettra des bâtons dans les roues. Car pour la plupart entre nous, la vie est en équilibre précaire comme un tabouret à trois pieds : changer un élément (comme quand je me suis cassé la jambe l’année passée, me rendant immobile pendant quelques semaines) et le tout menace de s’effondrer.
Nos sociétés sont de même en équilibre délicat : les sociétés instruites sont saines; les sociétés équitables sont plus sûres. Il n’y a pas d’une seule panacée— ces éléments travaillent ensemble. Et ils ont besoin de bien travailler ensemble— ce qui nécessite la transparence, le financement suffisant, et la gestion efficace. Alors la question n’est pas « les soins de santé ou l’éducation, qu’est-ce qu’on choisit? »; la question est, qu’est-ce qu’il nous faut pour créer une société équitable, saine, instruite, et engagée, et qu’est-ce qui est la façon la plus efficace, juste, et meilleure pour l’obtenir?
Il est dans ce contexte qu’il faut examiner les critiques contre la grève d’étudiants au Québec et les personnes y impliquées.
Les frais de scolarité au Québec sont les plus bas au pays. Pourquoi est-ce qu’ils se plaignent?
Ce qui est plus surprenant que le fait que les étudiants de Québec protestent est que les étudiants aux autres provinces ne protestent pas. Peut-être que s’il y avait des grosses manifestations aux autres provinces les frais ne seraient pas 6600$ en Ontario, ou un moyen de 5500$ au reste du Canada. Puis on aurait peut-être plus de familles à revenu moyen capables d’éviter la conversation de «est-ce qu’on prend la retraite, contracte une autre hypothèque, ou regarde notre enfant recevoir son diplôme avec 30 000$ de dette » qui se passe chez beaucoup d’ontariens.
Il faut aussi contester l’argument de « vous être dans une situation plus favorable que les autres, alors arrêtez de vous plaindre » qui est utilisé pour marginaliser tous ceux qui luttent pour l’amélioration. Après le Québec, qui suit? Les frais en Terre-Neuve-et-Labrador sont les prochains moins chers (et pas par beaucoup, grâce à une réduction de 0.25$ et un gel il y a quelques années qui, selon la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, a eu pour résultat une hausse de taux de participation de 5%)— est-ce qu’on consacre notre jalousie envers eux? Puis le Manitoba? Jusqu’à ce qu’on s’endette tous également? Comment est-ce que cela est une solution?
D’accord, ils veulent un gel de frais de scolarité. Où vont-ils trouver l’argent? Ou qu’est-ce qu’ils vont sacrifier pour l’obtenir?
Réfléchissez encore au tabouret à trois pieds. Les sociétés instruites sont plus saines. Les sociétés plus équitables sont plus sûres. Ces choses ci créent un niveau de vie meilleur pour nous tous. Plutôt que donner un des pieds du tabouret un coup de pied pour « se permettre » les autres deux, peut-être qu’on devrait concentrer au vrai menace qui détruit le tabouret soi-même (et non, c’est pas le socialisme!)— les décisions du gouvernement qui mènent au sous-financement constant de l’infrastructure sociale publique.
Mais pendant qu’on discute le sujet de « trouver » de l’argent pour financer les programmes sociaux du Québec, examinons le financement provincial des écoles privées : $437 million en 2006-07. Cela est l’argent utilisé pour « soutenir » les familles à revenu moyen qui veulent accéder à l’éducation comme un produit privé, plutôt que mettre cet argent-là vers l’amélioration de toutes les écoles publiques afin que tous les enfants peuvent y profiter. Cela financerait plus qu’un gel de frais aux universités du Québec, gardant de l’argent pour des étudiants à faible revenu. Ou le reste pourrait être dirigé vers les écoles publiques. Mais ceci démontre que quand l’argent publique est utilisé pour faciliter l’accès privé, c’est l’infrastructure publique et les personnes qui y accèdent qui font des sacrifices.
Pourquoi est-ce qu’ils me dérangent à cause de leurs problèmes?
Le but d’une grève est de déranger— d’attirer l’attention sur ce qui se passe, et de créer la vitesse publique en demandant des solutions. Ça n’a pas du sens de protester dans un endroit perdu afin d’être « poli ». Quand les travailleurs sont en grève, un but est de démontrer comment le publique a besoin de leurs services et pourquoi ils devraient être suffisamment dédommagés. Quand les étudiants sont en grève le but est plus subtil— ceux sont des membres de la communauté et les travailleurs futurs de qui notre société dépendra.
En général : vous pensez que vous êtes dérangés car votre journée de magasinage est retardée ou car vous êtes pris dans un embouteillage? Attendez que la société aura « l’inconvénient » des politiques du gouvernement qui créent les exclus des jeunes instruits avec moins de chances pour travailler et qui en ont assez des représentants élus ne pas prêter attention aux problèmes. Faire face à ces implications sera plus cher et nous dérangera tous.
Pourquoi est-ce qu’ils croient qu’ils ont le droit d’avoir quelque chose de meilleur que ce que j’ai eu?
Cet argument est frustrant quand il est exprimé par ceux (même au Québec) qui ont payé une petite partie des frais de scolarité d’aujourd’hui, qui ont reçu leur diplôme et commencé leur premier travail tout de suite (ou qui ont été embauchés après l’école secondaire parce qu’un diplôme n’était pas déjà une condition requise pour travailler) avant que les salaires aient stagné et quand la dette des ménages n’était pas à 150%. Ils avaient peut-être la dette, mais ce n’était pas autant qu’aujourd’hui. Et la dette pourrait être remboursée dans une petite partie du temps qu’il faut les diplômés maintenant. Mais il semble que les gros salaires et des années de mobilité sociale ascendante ont causé de l’amnésie pratique.
Et même si la génération précédente a aussi eu des problèmes : pourquoi critiquer les étudiant du Québec de lutter pour une situation meilleure pour eux et les autres qui les suivent? Si les normes qu’on fixe dépendent de nos difficultés, et ceux qui nous suivent devraient au moins avoir les mêmes difficultés, ça ne dit rien pour la progression sociale. Les programmes sociaux ont été créés parce que les gens voulaient quelque chose de meilleur pour leurs enfants et leurs petits-enfants— un niveau de vie convenant, l’éducation accessible, les soins de santé, l’aide financière s’ils perdent leur travail, et la capacité de prendre la retraite avec la dignité et de la sécurité financière.
Quant à la question de « droit » : ces jeunes risquent leur semestre; au cas des étudiants de leur dernière année, ils le risquent dans l’intérêt des étudiants futurs. Ces étudiants, ces professeurs, et ces membres de famille : ils protestent dans l’intérêt des enfants des autres, de nos communautés, des personnes qui ne sont pas privilégiées par les décisions politiques. Alors voici ma question : combien de difficulté voulez-vous qu’ils ont, avant que vous puissiez vous sentir justifiés pour vos défis?
Pourquoi est-ce qu’ils refusent de payer leur compte?
Quoi, exactement, est leur « compte »? Est-ce que c’est autant qu’ils ont les moyens de payer? Est-ce que c’est un pourcentage des revenus de famille? Est-ce que c’est basé sur le salaire probable qu’on aura après avoir reçu son diplôme? Ou sur ce que le publique peut gagner d’une société instruite?
Quelques uns disent que ce n’est pas juste de subventionner les frais pour les riches et les pauvres de la même façon, alors on devrait complètement dérégler les frais de scolarité afin que les riches paient plus, et les bourses aillent aux étudiants à faible revenu.
Bien sûr que ce n’est pas juste que les pauvres paient autant que les riches. Les frais sont injustes par nature. On devrait absolument payer ce qu’on a des moyens à payer— pour l’enseignement supérieur, et les soins de santé, et l’infrastructure publique, et un filet social qui est là quand on en a besoin. Maintenant, si seulement il y avait un mécanisme national pour calculer la somme qu’on doit basée sur nos revenus pour financer ces programmes qui sont essentiels pour une société fonctionnant, équitable, saine, et instruite. Peut-être qu’on pourrait l’enregistrer et réserver un jour chaque année pour le faire, afin de le faire plus coordonné et efficace. Je suggère le 30 avril.
Car comme on le sait, la façon la plus efficace, juste, et responsable de financer ces programmes est par un système d’impôt progressif. Alors même que je vois le besoin de garder les frais de scolarité abordables, et l’importance un système de bourses nationales, c’est temporaire. Si on s’engage vraiment à la justice, le but doit être— dans l’intérêt de l’efficacité sociale et de la justice sociale, mais aussi de la reconnaissance de l’importance d’une société instruite— l’enseignement supérieur complètement public (ne pas confondre avec « gratuit »).
Pourquoi est-ce que je devrais financer leur éducation?
Ces jeunes seront vos médecins, avocats, professeurs, ingénieurs, assistants sociaux, dentistes, architectes, etc. Même si je ne veux pas assister à la faculté de médecine, j’espère que mon médecin y est allé. Et ce serait bon de savoir que les professeurs de mes enfants ne sont pas épuisés car ils doivent avoir un travail second pour rembourser leur dette étudiante. Nous dépendons de leur travail, de leur professionnalisme, et de ce qu’il apporte aux communautés pour nous enrichit.
Bien sûr, il y a l’argument de « retour sur investissement » : les revenus élevés gagnés par ceux avec des diplômes rendent plus d’impôts payés au système, plus de revenu disponible, etc. Mais il y a des arguments d’autre qui son plus importants : la santé améliorée, plus d’engagement de la communauté, plus de mobilité social et plus de participation électorale. Autrement dit, les sociétés avec l’accès meilleur à l’éducation ont la tendance à être plus saine, plus cohésive, plus tolérante, et plus équitable.
Tout ça veut dire : on ne finance pas « leur » éducation. Nous tous, y compris les étudiants dans la rue, finançons le droit d’habiter dans une société instruite. Avec tous les avantages qu’elle provoque.