Les ventes de logements au Canada en mars chutent à nouveau, sur fond de craintes persistantes concernant les tarifs douaniers

Les craintes persistantes liées à la guerre commerciale ont effectivement bloqué ce qui aurait dû être un marché immobilier robuste au printemps, alors que les ventes s'essoufflent et qu'une masse de nouveaux stocks s'accumule.

Selon l'Association canadienne de l`immobilier, les ventes de logements ont chuté en mars à des niveaux jamais vus depuis 2009, avec un total de 39 202 propriétés ayant changé de mains à travers le pays - une baisse de 9,3 % par rapport à la même période en 2024, et une baisse de 4,3 % par rapport au mois de février. Si l'on ajoute à cela les baisses enregistrées au cours des trois mois précédents, les ventes de logements se situent maintenant 20 % en dessous de leur récent sommet de novembre dernier.

« Jusqu’à présent, les baisses des ventes résidentielles étaient principalement dues à l’incertitude entourant les droits de douane. Dorénavant, le secteur canadien de l’habitation devra également faire face aux répercussions économiques réelles. En peu de temps, nous sommes passés d’une année de reprise assurée à une stagnation, dans le meilleur des cas », a déclaré Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI.

La guerre commerciale incite l'ACI à revoir ses prévisions en matière de logement

En fait, l'activité a tellement ralenti que l'ACI a revu ses prévisions à la baisse pour cette année, dans la plus large mesure depuis la crise financière de 2008-2009 (l'association a suspendu ses prévisions dans les premiers mois de la pandémie de COVID-19).

« En raison de l’imprévisibilité persistante et du fait que l’évolution des taux d’intérêt cette année reste incertaine, alors qu’il existe un risque de stagflation, toutes les prévisions sont faites dans un contexte d’incertitude sans précédent, » indique le nouveau communiqué de l'ACI sur les prévisions. Les nouvelles perspectives prévoient que l'activité de vente restera à peu près inchangée (en baisse de 0,02 %) en 2025 par rapport à 2024, avec 482 673 propriétés à vendre. Il s'agit d'une révision considérable par rapport à l'augmentation de 8,6 % prévue par l'ACI dès le début de l'année.

« L’ACI a publié ses prévisions antérieures le 15 janvier. S’il était trop tôt pour intégrer les risques possibles et importants d’une guerre commerciale dans les prévisions à ce moment-là, celles-ci indiquaient que les droits de douane visant l’économie canadienne mettraient en péril ce qui devait être une reprise du marché immobilier au Canada, » peut-on lire dans le communiqué de presse mensuel de l'association.

Le ralentissement devrait se poursuivre jusqu'en 2026. Bien que les ventes de logements au niveau national devraient augmenter de 2,9 % cette année-là pour atteindre 496 487, ce serait la quatrième année consécutive que le volume des ventes se situerait en dessous de 500 000.

Les prix de l'immobilier en légère baisse

Le ralentissement des ventes a un effet modeste sur les prix des maisons, bien que l'ACI n'ait pas encore appelé à une correction majeure de la valeur des propriétés. Le prix moyen national des maisons, qui a diminué en mars de 3,7 % d'une année sur l'autre pour atteindre 678 331 $, devrait encore baisser de 0,3 % cette année pour s'établir à 687 898 $, soit environ 30 000 $ de moins que les prévisions initiales. La Colombie-Britannique et l'Ontario devraient connaître de légères baisses du prix moyen des maisons, tandis que dans les autres provinces, les augmentations prévues du prix moyen des maisons ont été ramenées à une fourchette de 3 % à 5 % pour 2025.

Le prix moyen national des maisons devrait augmenter de 1,2 % par rapport à 2025 pour atteindre 696 074 $ en 2026.

Un marché du logement globalement équilibré

Malgré le ralentissement des ventes, le nombre de logements disponibles à la vente s'accumule, offrant aux acheteurs motivés un large choix et des conditions équilibrées. Selon l'ACI, 86 953 logements ont été mis en vente en mars, soit une augmentation de 13/1 % par rapport à la même période en 2024, et de 3 % sur une base mensuelle.

Compte tenu de la baisse des ventes, le ratio national ventes/nouvelles inscriptions est tombé à 45,9 %, contre 49,7 % en février. Ce ratio, qui mesure le niveau de concurrence entre les acheteurs sur le marché de l'habitation, est maintenant à son plus bas niveau depuis février 2009, et bien en deçà de sa moyenne à long terme de 54,9 %.

L'ACI considère qu'un ratio se situant entre 45 % et 65 % indique un marché de l'habitation équilibré.

Dans l'ensemble, 165 800 propriétés étaient inscrites à la vente sur tous les indices MLS® canadiens à la fin de mars 2025, soit une hausse de 18,3 % par rapport à la fin de mars 2024. Toutefois, dans une perspective à long terme, un nombre d'inscriptions d'environ 174 000 est typique pour cette période de l'année. Valérie Paquin, présidente du Conseil d'administration 2025-2026 de l'ACI, souligne que si les ventes sont en baisse dans la plupart des marchés au Canada, des conditions plus favorables aux vendeurs persistent dans les régions à forte demande.

« Bien que la tendance à la baisse des ventes mensuelles ait été observée partout au Canada au cours des derniers mois, il existe encore de nombreuses régions où les ventes sont élevées, l’offre est près de niveaux historiquement bas et les prix sont en hausse, » déclare-t-elle. « Il y a également des régions au pays où les ventes sont historiquement faibles et l’offre est la plus élevée depuis une décennie ou plus. »

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