Skip to main content
Logo Ratehub
Logo Ratehub

La Banque du Canada réduit son taux d'intérêt cible de 0,5 % dans son communiqué d'octobre

Les coûts d'emprunt au Canada sont sur le point de baisser davantage, car la Banque du Canada (BdC) a réduit son taux d'intérêt de référence de 50 points de base. Il s'agit de la quatrième baisse consécutive du taux de financement à un jour, qui établit le plancher des taux préférentiels appliqués par les prêteurs et, par extension, influence des produits financiers comme les prêts hypothécaires à taux variable, les comptes d'épargne à taux élevé et les certificats de placement garanti (CPG).

En conséquence, le taux de référence s'établit désormais à 3,75 %, soit une baisse cumulative de 125 points de base par rapport à son sommet de 5 %, atteint entre juillet 2023 et le 5 juin de cette année. Cette baisse entraînera une réduction du taux préférentiel de la plupart des prêteurs à 5,95 %, avec des effets similaires sur les taux hypothécaires variables.

Une baisse de 50 points de base n’avait pas été vue depuis mars 2020, lorsque la Banque du Canada avait procédé à trois réductions d’urgence d’un demi-point chacune pour soutenir l’économie pendant les premiers mois de la pandémie de la COVID-19, ramenant ainsi son taux directeur à un plancher historique de 0,25 %.

Une réduction attendue

Il était presque certain que la Banque du Canada allait abaisser son taux directeur aujourd'hui, mais la question était de savoir de combien. Bien que la banque centrale opte généralement pour des ajustements d’un quart de point lors d’un cycle d'assouplissement, des réductions plus importantes peuvent être nécessaires lorsqu'il faut corriger rapidement un déséquilibre économique. D'ailleurs, les marchés anticipaient une baisse de 50 points de base aujourd’hui avec une probabilité de 90 %.

La décision d’aujourd’hui a été largement influencée par le dernier rapport sur l’inflation canadienne, qui montre que l’indice des prix à la consommation (IPC) a chuté à 1,6 % en glissement annuel, un taux inférieur à la cible de 2 % que la Banque du Canada s’efforce de maintenir. De plus, le dernier rapport sur le PIB, publié à la fin de septembre, indiquait une croissance de seulement 0,2 % en juillet, avec des prévisions de croissance nulle pour le troisième trimestre de l’année.

En outre, le PIB par habitant, qui reflète le niveau de vie des Canadiens, a diminué pendant cinq trimestres consécutifs, enregistrant une baisse de 0,1 % au deuxième trimestre de 2024, selon Statistique Canada. Cela a mené à l’émergence du terme « moi-cession », utilisé pour décrire une situation où l’économie n’est pas techniquement en récession, mais où les personnes ressentent tout de même les effets d’une contraction économique.

Dans son communiqué, la Banque du Canada a également souligné que la consommation par habitant était en baisse et que le marché du travail restait faible, avec un taux de chômage de 6,5 % en septembre et une création d'emplois inférieure à la croissance de la population.

La Banque du Canada anticipe cependant une reprise graduelle de la croissance du PIB à mesure que les taux d’intérêt baissent, que les dépenses des consommateurs augmentent et que la croissance démographique ralentit. La Banque prévoit ainsi une croissance du PIB de 1,2 % en 2024, de 2,1 % en 2025 et de 2,3 % en 2026.

Elle prévoit également une augmentation de la demande pour les biens immobiliers en raison de la baisse des taux d’intérêt, tandis que les entreprises devraient bénéficier d'une demande robuste en provenance des États-Unis.

La course vers la neutralité

Cependant, pour soutenir cette amélioration économique dans les mois à venir, la Banque du Canada doit ramener rapidement son taux directeur à un niveau neutre, c’est-à-dire une fourchette où il n’encourage ni ne freine la croissance économique. Actuellement, la Banque estime que ce taux neutre se situe entre 2,25 % et 3,25 %. Après la réduction d'aujourd'hui, il reste encore 50 points de base à réduire pour atteindre cette fourchette.

Certains analystes appellent la Banque à agir plus rapidement pour atteindre cette neutralité. En début de semaine, Avery Shenfeld, économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC, a déclaré qu'il « y avait des raisons de penser » que la banque centrale envisageait une réduction de 75 points de base dans l'annonce d'aujourd'hui.

« Si un taux d'intérêt au jour le jour de 3,5 % ou moins est approprié dans trois mois, il est difficile de comprendre pourquoi il ne serait pas préférable d'y parvenir plus tôt, afin de raccourcir la période d'attente avant que ses effets ne se fassent sentir », a-t-il affirmé.

Les marchés monétaires anticipent globalement une réduction supplémentaire de 75 points de base d'ici la fin de l'année, suggérant qu'une nouvelle baisse importante est attendue lors de l'annonce du 11 décembre.

Toutefois, la Banque du Canada doit éviter d’aller trop vite. Une réduction trop rapide des taux d’intérêt pourrait entraîner une baisse du dollar canadien face au dollar américain, ce qui risquerait d’alimenter l’inflation. La Réserve fédérale américaine, l'équivalent de la Banque du Canada, a entamé son propre cycle de réduction des taux en septembre avec une baisse d’un demi-point. Ce mouvement soutient la tendance à la baisse au Canada, mais une réduction trop rapide ici pourrait accroître la pression sur la devise canadienne.

Il y a également des préoccupations quant à une possible frénésie sur le marché immobilier si les taux chutent trop rapidement. Des acheteurs, jusqu’ici en attente, pourraient se précipiter pour acheter, entraînant une hausse insoutenable des prix immobiliers.

Pour l’instant, cependant, les réductions de taux accordées cet été n’ont pas eu d’effet significatif sur le marché immobilier. Les rapports nationaux et régionaux récents montrent des signes timides de réaction des acheteurs à la baisse des taux, mais de nombreux acquéreurs potentiels demeurent prudents. Bien que la baisse prévue de 50 points de base en décembre pourrait inciter certains à agir, plusieurs pourraient continuer à attendre des coûts d'emprunt plus faibles avant de prendre une décision. Cependant, les nouvelles réformes de politiques hypothécaires, qui entreront en vigueur le 15 décembre, pourraient stimuler l’activité au début de la nouvelle année.

Qu'est-ce que la baisse de taux d'aujourd'hui signifie pour les Canadiens?

Pour les emprunteurs hypothécaires

L'incidence la plus directe de la réduction de taux d'aujourd'hui sera ressentie par les détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable, car le taux préférentiel baissera à 5,95 %. Si vous avez un prêt hypothécaire à taux variable ajustable, cela signifie que votre prochain versement sera réduit. Si vous avez un taux variable, mais avec des paiements fixes, une plus grande partie de votre paiement ira au remboursement du capital, réduisant ainsi les intérêts payés.

D'après les calculs de Ratehub, la baisse de 50 points de base d'aujourd'hui ramènera le taux d'un prêt hypothécaire variable moyen à 4,8 %, contre 5,3 % auparavant, ce qui réduira le paiement mensuel à 3 543 $, au lieu de 3 721 $.

Cela représente une économie de 178 $ par mois ou 2 136 $ par année pour le propriétaire.

Bien que les taux hypothécaires fixes ne soient pas directement influencés par le taux directeur de la Banque du Canada, ils sont plutôt liés aux rendements obligataires, qui réagissent souvent aux décisions de la banque centrale. Actuellement, le rendement des obligations du gouvernement du Canada à cinq ans est de 2,9 %, ce qui pourrait mettre une pression à la baisse sur les taux fixes.

Cela signifie que ceux qui cherchent à obtenir un prêt hypothécaire, ou dont l'échéance approche, pourraient bénéficier de taux plus bas. Cependant, étant donné que d'autres réductions sont prévues, les emprunteurs pourraient hésiter à fixer un taux maintenant. Une bonne option serait de geler le taux dès aujourd'hui, ce qui vous garantira un taux fixe pendant 120 jours, même si les taux d'intérêt augmentent de manière inattendue durant cette période.

Une autre stratégie pour les emprunteurs serait d’opter pour un prêt hypothécaire à taux variable, avec la possibilité de le convertir plus tard en un taux fixe au besoin. Bien que les taux variables soient actuellement plus élevés que les taux fixes, les réductions de points de base prévues pour cette année et l'année prochaine pourraient réduire considérablement les coûts d'emprunt à court terme. Vous pourriez ensuite passer à un taux fixe lorsque vous jugerez que la Banque du Canada a atteint le bas de son cycle de réduction des taux.

Ce que cela signifie pour vos autres prêts et investissements

Si vous avez un prêt personnel, un prêt automobile ou une marge de crédit à taux variable, votre taux d'intérêt devrait également baisser, comme pour les prêts hypothécaires variables. Selon les conditions de votre prêt, vous pourriez réduire vos paiements mensuels ou rembourser votre prêt plus rapidement, car une plus grande partie de chaque paiement sera allouée au remboursement du capital plutôt qu'aux intérêts.

Cependant, les rendements des produits bancaires à taux préférentiel, tels que les comptes d'épargne à taux élevé et les certificats de placement garanti (CPG), diminueront probablement à la suite de cette réduction de taux. Les taux des CPG ont déjà baissé depuis le début du cycle de réduction des taux de la Banque du Canada en juin. Ceux qui ont gelé un taux avantageux plus tôt cette année se trouvent dans une bonne position. Comme les économistes prévoient d'autres baisses de taux jusqu'en 2025, il est encore temps de souscrire un CPG si vous cherchez un placement sûr avec des rendements réguliers.

La prochaine annonce de la Banque du Canada est prévue pour le 11 décembre 2024.

Penelope Graham, Directrice des contenus

Penelope Graham a plus de dix ans d'expérience dans le domaine de l'immobilier, des hypothèques et de la finance. Ses commentaires sur le marché du logement sont publiés dans les médias nationaux et locaux.